16 janvier 2014

Zombie?



Parfois, je ne suis pas dans mon corps.
Pas vraiment.
Pas tout à fait.

Ce sentiment de vide fonctionnel est parfois tout à fait normal, et parfois tellement dérangeant...
Où est-ce que je vais, qu'est-ce que je fais quand je ne suis pas ici?

Essayons d'expliciter un peu.

"JE" est un terme difficilement définissable. Mais essayons.

Je suis (au moins) triparti. Une sorte de trinité interne peut-être:
- mon corps, l'ensemble de ces parties physiques dont j'ai conscience, cette matière qui me fait parfois plaisir et parfois souffrir, toutes les expériences que me donnent mes sens, toutes mes perceptions visuelles, auditives, etc.
- mon esprit, cette faculté cognitive qui me permet de penser, de jouer avec les concepts, de construire des mots et des phrases avant de les prononcer, de les écrire, parfois même sans jamais les exprimer, cet espace virtuel en quelque sorte, où je construis des systèmes, du sens, des interprétations de mes expériences.
- mon âme, cette chaleur vitale qui rayonne dans ma poitrine, qui me fait vivre et aimer, qui me fait me sentir pleinement moi-même, qui me dit que ce que je fais, dans mon corps ou dans mon esprit, est juste... ou pas.

Donc, "JE" suis une trinité interne. Âme, Esprit, Corps.

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon corps. Le sommeil par exemple. Ou la méditation. Ou la réflexion intense. Quand cet ensemble d'expériences sensibles disparaît.
Peut-être que dans la réflexion, la méditation, le corps passe au second plan. Peut-être qu'il est toujours tout autant présent, mais simplement mon attention n'y prête justement pas attention.
Mais dans le cas du sommeil, est-ce que je suis toujours mon corps? Sans avoir d'explication, je nourris quelques doutes... Bien sûr, mon corps continue d'exister, puisque je le retrouve au réveil.
Mais qu'y a-t-il entre l'endormissement et le réveil? Rien? Le "JE" de mon corps semble pourtant bien être lui aussi mis entre parenthèses...

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon esprit. Typiquement, le réveil. Dans la phase où je reprend contact avec mon corps, je ne suis pas capable de penser quoi que ce soit. Je ne suis pas capable de communiquer, de former des phrases. Encore moins de les articuler. Il me faut du temps, pour me reconnecter au train de pensées de la veille. Pour me souvenir de ce que j'ai prévu hier pour mon programme d'aujourd'hui. Pour réactualiser mon système de croyances, mes valeurs, mes choix.
Ce qui est perturbant, c'est qu'il arrive que mon esprit soit aux abonnés absents. Des moments, des journées, où je fonctionne, comme si mon corps continuait sur sa lancée, poursuivait les desseins que mon esprit lui a prescrit, mais cet espace virtuel reste désespérément vide...
Peut-être qu'il a besoin de se reposer quand on l'utilise trop? Même si certaines facultés peuvent être réactivées, par exemple quand quelqu'un m'adresse la parole, soudain "je reviens à moi", et suis capable de lui répondre.
Je ne parle pas du fait d'être, comme on dit, "perdu dans ses pensées". C'est chose commune, du moins dans mon monde à moi. Mais dans mon monde à moi justement, il y a de ces moments où mon esprit est perdu... mais je ne sais pas où. Du coup je peux en revenir, mais je reviens de nulle part. Où étais-je à ce moment-là?

Il y a des moments, dans lesquels je ne suis pas mon âme. En fait, il y en a beaucoup. Ceux qui se remarquent, sont ceux dans lesquels je suis mon âme. Ces moments où je me sens pleinement vivant, où je sens la vie irriguer chacune de mes pensées et chaque centimètre de mon corps. Ces moments où retentit comme un message d'alarme à l'intérieur, où tout mon être crie au scandale, se révolte, ou au contraire vibre de bonheur, comme si tout n'était qu'un, et que se manifestaient par moi le Beau, le Bon, et le Bien.
Quand il m'arrive de faire l'expérience de cette plénitude intense, j'ai l'impression de la retrouver, de me retrouver. Mais si je la retrouve dans ces moments privilégiés (ou particulièrement horribles), où était-elle? Et depuis que "JE" est mon âme, où étais-je?

Aussi, il y a des moments autres que le problème du sommeil, dans lesquels mon "JE" esprit n'est pas là, la plupart du temps mon "JE" âme est loin, très loin, et pourtant mon "JE" corps est toujours là, continue à fonctionner, à agir...

Plusieurs problèmes en découlent.

Que fait mon esprit quand il n'est pas là?

Où mon âme va-t-elle passer le plus clair de son temps?

Est-ce que j'existe encore quand je suis endormi?

"JE" est-il l'unité des aspects de la trinité interne?
Ou est-ce une fonction qui essaie tant bien que mal de maintenir ensemble trois natures opposées?

Est-ce que nous sommes tous... des zombies?


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