12 octobre 2014

Manifeste de philosophie thérapeutique



Quel service le philosophe peut-il rendre à la communauté?

Le philosophe plutôt théorique s'intéresse à ce qui est, ce qui existe, ce qui peut être connu, comment, etc.

Le philosophe plutôt pratique s'intéresse à ce qui se fait, comment, pourquoi, qu'est-ce qui devrait être fait, etc.

Ce que j'appelle pour l'instant philosophie thérapeutique (ou thérapie philosophique, si vous préférez), est en quelque sorte l'intégration de ces deux aspects.

Il ne s'agit pas d'une thérapie au sens psychologique du terme, où le patient est vu comme malade par rapport à une norme, norme vers laquelle le thérapeute va essayer de ramener son client.

Il s'agit plutôt d'un accompagnement philosophique.

Je pars du principe que toute personne, tout être humain a une manière bien à lui d'appréhender la réalité.
Je crois qu'il existe une réalité, un fondement ultime et unique, je suis en ce sens un absolutiste (si on aime les -ismes).
Je crois aussi qu'il n'existe pas un accès juste et unique à cette réalité, mais bien plutôt autant de points de vue que d'êtres conscients. Je suis en ce sens un relativiste (toujours si on aime les -ismes).

Donc toute personne appréhende à sa manière ce qu'elle peut saisir de la réalité. C'est ce que j'appelle la Vision du Monde.

Parallèlement, toute personne douée de suffisamment de réflexivité a également une manière de s'appréhender elle-même, de se définir, de se connaître. C'est ce que j'appelle le Self-system.

La Vision du Monde et le Self-system sont tous les deux des systèmes, construits par notre intellect, notre cerveau, notre esprit, selon votre définition de ce qui construit des systèmes de pensée.

En tant que systèmes, ils sont constitués d'éléments: des concepts, des images, des croyances, des désirs, touts les composants que vous pouvez imaginer formant un système. Un peu comme des briques de Lego, ou des barres de Mécano, des allumettes, des cartes, ou quoi que ce soit avec lequel vous pouvez construire votre propre structure.

La médecine ne me contredira pas trop je pense, si je dis que la douleur est le résultat d'une dissonance entre différents éléments au sein d'un système.

A priori, le philosophe ne pourra rien pour soulager une rage de dents, un bras cassé, ni un ongle incarné. Sauf peut-être en vous distrayant de votre douleur physique.

Par contre, il existe bien des formes de douleur, ou d'inconfort tout du moins, qui résultent de dissonances au sein de nos systèmes de pensée.

Parfois, il y a des informations que nous ne pouvons ignorer mais qui contredisent des éléments essentiels de notre Vision du Monde et/ou de notre Self-system.
Parfois, nos systèmes requièrent une information essentielle qui nous fait pourtant défaut, provocant l'instabilité desdits systèmes.

Je suis persuadé que beaucoup de conflits, tant externes qu'internes, tant ouverts que latents, tant internationaux qu'intimes, sont dus à des dissonances entre différents systèmes, au sein de différents systèmes, tant entre ou au sein de la Vision du Monde, entre ou au sein du Self-system, qu'entre Vision du Monde et Self-system.

Et je suis au moins autant persuadé que les compétences théoriques, pratiques et systémiques du philosophe peuvent justement aider à identifier, puis à résoudre ces dissonances.

La philosophie thérapeutique se veut donc un accompagnement philosophique, où le philosophe rencontre la personne, essaie de participer à sa Vision du Monde et/ou à son Self-system, et l'aide à identifier puis à résoudre les dissonances.

La philosophie thérapeutique n'est pas vraiment un soin, vu que la personne n'est pas malade, et que le philosophe ne dispose pas de remède.
Le philosophe ne dispose d'aucune "vérité absolue" ni d'aucune "bonne réponse" qu'il pourrait transmettre à la personne.

Mais le philosophe, ayant développé certaines capacités d'analyse et d'identification des sources de dissonances au sein de systèmes tels que la Vision du Monde et le Self-system, peut respectueusement les mettre à la disposition de la personne, pour l'accompagner sur son chemin.

Car finalement, le philosophe lui-même est aussi sur son propre chemin, il est aussi toujours en quête d'amélioration pour sa propre Vision du Monde et son propre Self-system.

Et c'est en ce sens que l'accompagnement philosophique prend tout son sens: le philosophe et la personne, échangeant leurs expériences, partageant leurs Visions du Monde, leurs Self-systems, leurs capacités propres et spécifiques à chacun, s'enrichissent mutuellement, se découvrent eux-même par le jeu de la réciprocité, et grandissent chacun sur leur chemin respectif vers leur but commun, réduire les dissonances et saisir la réalité.

Les seules conditions requises, finalement, sont:
- le respect d'autrui comme de soi-même,
- l'ouverture d'esprit à des points de vue différents,
- l'humilité de reconnaître être soi-même en chemin,
- la croyance en un potentiel d'amélioration.

Respect, Ouverture, Humilité, Optimisme.

Une belle définition de la Philosophie, et aussi une belle définition de la Vie.


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